SUCH
AAA
PL3ASURE
TORTURE
PORN
La dissection était réservée aux scientifiques, aux sages, à ceux qui cherchent d'éventuelles erreurs, des preuves, constatent de ce qui se dévoilent là, juste sous leurs yeux. En dehors de ce cadre, s'adonner à de telles mutilations n'était pas quelque chose de bien vu et encore moins de sain. Pourtant Nevaeh Lebanon Jacaszek se moquait des dogmes de ce concept. De toute manière il n'était pas dans sa nature que d'aimer suivre le fil de la normalité. En écho avec la dissonante spirale infernale, celle qui tenait les rêne de son existence depuis le tout début, le jeune homme divaguait, répandait le sang dans son sillage : une boucle d'évènements qui se succédaient les uns après les autres, à chaque fois plus macabre que le précédent. Il lui était inconcevable de voir son quotidien se pérenniser, devenir monotone, pire encore : loin de la conception et de l'influence de la spirale. C'était elle qui l'inspirait, elle qui lui soufflait ô combien elle crevait d'être révélée. Alors comme ça cette maudite spirale voulait être vue, s'encrer au fer rouge dans les esprits? Très bien, puisqu'il en est ainsi.
Dans ces actes il n'y avait pas simplement que cette notion d'horreur pour l'horreur.. C'était au-delà encore, quelque chose de presque sexuel. Oui, c'était ça, ces actes perpétrés en l'influence de la spirale avaient une dimension presque érotique. A chaque dissection, à chaque meurtre épuisé, c'était la notion même d'exhibition qui s'exprimait. Ces boyaux et autres organes sortis de leur sac, dévoilant lascivement leurs courbes tournées vers leur centre, à l'image d'une galaxie qui renfermerait la vie, à l'image d'une spirale qui la reprendrait. Rien n'était plus sublime sur Terre que cette spiralisation organique dont lui-même rêvait faire l'expérience un jour. Mais pour le moment il se contentait d'exercer sur autrui; autrui qu'il considérait de ce fait comme terriblement chanceux d'avoir une fin aussi brute et enviable.
Un jour son tour viendra peut-être.
Les abominations que Nevaeh traînait derrière lui ne passaient pas inaperçues. Cela passait de la simple scène de crime signée par une spirale par des cas bien plus complexes. Et à ce genre de stade, il était souvent noté que tout cela ne relevait plus simplement de la folie mais de la plus noire des démences. Certains individus étaient découverts le corps complètement distordu, les os brisés, repliés sur eux comme le ferait la spirale. D'autres encore se contentaient de tenir fébrilement sur le fil de la vie, riant comme des hystériques, marqués dans la peau par la spirale avant de mourir. La plupart avouaient s'être fait ça seul, mais les cas étaient si nombreux qu'il ne pouvait s'agir d'une coïncidence : une seule et même personne se trouvait derrière cette frise meurtrière.
Des tortures physiques et morales qui semblaient mettre en appétit leur créateur, ce qui, le poussait inlassablement à continuer. Cette répétition macabre et circulaire, à défaut de ne pouvoir la coller à une identité, portait désormais un nom au sein de la section criminelle : Torture porn. Cette espèce d'ultra-violence maîtrisée que l'on pouvait comparer à une sorte de voyeurisme exigé par la pornographie traditionnelle. Voilà comment la section criminelle voyait les choses, tandis que de l'autre côté, Nevaeh était bien plus subtil bien plus... Nuancé. Mais cette pseudo nuance n'existait que dans le fin fond de ses pensées, là où même son âme était tournée vers elle-même. Le vingtenaire s'appliquait certes : lorsqu'il tenait ses ustensiles de torture sa main ne tremblait pas, tout était d'un net quasi chirurgical. Cela dit, pouvait-on réellement le considérer comme délicat pour autant? Non. Il aimait ce théâtre d'horreur et de sang, ces spasmes de vies qui se dessinaient sous ses doigts jusqu'à leur extinction. Combien de fois avait-il seulement fait durer la chose plus longtemps rien que pour profiter encore un peu du moment? Trop de fois. Beaucoup trop de fois.
Une seule de ses victimes a, à ce jour, survécue. Une dénommée Betty Kord qui avait eut le malheur de se laisser endormir par ce démon de Nevaeh. Internée dans un hôpital psychiatrique où elle est encore suivie et sous surveillance hautement renforcée, celle-ci, traumatisée par la spirale à achever de se taillader les doigts.. Ses doigts dont les empreintes formaient ces formes maléfiques qui lui rappelaient sans répit son bourreau.
Pire encore, depuis son internement, un songe ne l'avait jamais quitté : cette voix, érotique mélopée, lui susurrant chaque foutue nuit qu'elle possédait en elle une autre spirale, et qu'elle se trouvait là, juste au creux de son oreille.
En se perçant le cornet de l'oreille, cette pauvre Betty avait détruit en elle se qui permet aux êtres humains d'avoir le sens de l'équilibre. Depuis ce jour-ci elle fut donc la victime d'illusions encore plus violentes, chacune d'entre elle habitée par cette enflure de Jacaszek.