recto verso
Recto verso, noir ou blanc ; il n'y a jamais de juste milieu, pas même parmi la plèbe levant ses bras face à son destin. Dévots pernicieux d'une déité toute aussi perverse.
La dualité s'exprime sans artifice sur le visage des fous qui, n'ayant plus rien à perdre, se livrent à l'ivresse et au désespoir de quelque chose de tordu qui ne leur arrivera jamais.
please lord, have
mercy
La beauté était un don. Par conséquent, sans beauté on ne pouvait exister ; désavoué par la vie mais paradoxalement prêt à l'embrasser.
Oui, ici bas sur ces terres sans espoirs, croupissait tant d'ignominies et d'individus tout aussi laids. Une malédiction du corps : des âmes enfermées dans une enveloppe trop grossière pour en contenir tous les desseins. Par tout temps, les schémas obscènes prolifèrent jusqu'à pourrir, ressentent le besoin pressant d'être nourris sans ne plus avoir à se cacher. Ni pudeur ni limite, chaque vice déferle et s'abat sur ceux qui, bien que graciés par la main du seigneur, ce sont désistés de tout prestige pour parvenir eux aussi à leurs tristes fins. Sexe, alcool, argent, drogues.. Dans le fond, chaque Homme s'obsède des mêmes besoins. Et, par-delà ces banalités ô combien triviales, certains y cherchent la vengeance, la rédemption, la destruction totale.
Poussés par leur égoïsme, chaque individu se rendant au célèbre strip club 'Le Brasier' savait pertinemment, indécemment quoi trouver en ces lieux pour enfin obtenir le salut. Ruiner les putes au seul prix de la satisfaction était un bon deal pour de tels simplets.. Et pour les putes ce n'était rien d'autre qu'une question de mutilation de l'ego contre quelques liquidités.
Pour Genesis c'était bien différent.
Il ne savait que trop bien à quel point il était beau, fascinant, simplement sensuel à l'observer respirer ; et, doué d'une intelligence différente de celles des mortels, il avait finit par comprendre qu'offrir ses services pour l'intérêt dérangé des clients servirait indéniablement aux siens. Étudier le comportement, les gestes de la foule et voir en chaque regard à quel point elle n'était plus rien sans lui ; plus rien sans aucune lumière. Affluence aveuglée par cette apparence passive et ingénue au point d'en redemander chaque soir.
beat me
bite me
fuck me
Genesis, Théos ; un seul et même individu capable de créer la discorde pour une seule minute en sa compagnie. Vicieux et manipulateur il ne subsistait que pour se jouer de ses pitoyables admirateurs en qui il ne souhaitait donner aucune faveur, il ne vivait que pour arracher les coeurs. Entre vendetta, dégoût et simple plaisir, il s'incarnait en parfait faiseur de vie : la laissant aux pauvres ignares, la retirant aux abusifs.
Né pour la scène, taillé pour plaire, le tricentenaire aimait se dévoiler autant qu'il en accusait tous les méfaits. Nature instable quoi qu'aguicheuse, il était le meilleur élément du Brasier mais également le plus problématique de tous. A l'image d'une drogue, les camés en manque de leur dose étaient prêt à la révolution pour le voir encore et encore se mouvoir sous leurs yeux vide de tout arbitre. Mais comment les blâmer car comment ne pas devenir fou? Fou de désir et d'amour pour cette chimère parfaite qu'était Genesis Mirza Shen, là, la chair à découvert, sa bouche luisant sous la lumière déviante des quelques projecteurs, véritable fruit à cueillir pour échapper au poison : pour échapper à la vie.
Ses dupes avaient l'air si réelles que lorsqu'il vous regardait, vous offrait son attention et ses caresses, il était si aisé de le croire lorsqu'il murmurait 'Érotiquement vôtre'.