Enfant de Pyongyang, rescapé de ces Terres où la liberté ne réside que dans le mutisme de la pensée.
Enfant de Pyongyang, rescapé de ces Terres où la liberté ne réside que dans le mutisme de la pensée.
Vivre dans le silence et dans la répression, personne ne sait ce que ça fait tant qu'il ne l'a pas vécu.
'Perdu est mon pays, lâche est l'Humanité pour si peu ouvrir les yeux sur notre situation. Nous ne manquons peut-être pas de ressources mais nous manquons de tant d'autres choses.. Et moi, je pense principalement à la liberté. En ces maudites terres, la liberté est chose rare. Quelque chose que personne ne connaît, pas même moi. Mon enfance, je l'ai vécu dans la paranoïa, persuadé que Kim-Jong-Il pouvait lire dans mes pensées, que je devais faire attention en permanence. J'avais peur qu'on me punisse, qu'on me réprimande, que je fasse honte à ma famille. Mais la vérité est que j'ai toujours fais tâche dans ce paysage aseptisé. Lorsque j'étais enfant, contrairement à mes amis j'étais curieux, j'avais envie de savoir ce qu'il y avait au-delà des frontières. Ce qu'il y avait vraiment, ce que l'on ne nous montrait pas. Et j'ai commencé à comprendre que ce qui concernait l'extérieur était tabou. Au fur et à mesure, mes pairs m'ont tourné le dos, je n'avais plus que ma famille avec qui échanger, avec qui progresser. Mais au final..Même eux me juraient de me taire. Était-ce donc si mal que cela, de s'intéresser à autre chose qu'à sa propre patrie?
Je ne voulais pas rester ici, mais je savais aussi qu'il était impossible de partir au risque de mettre ma propre vie en danger. Paradoxalement, je n'en pouvais plus de vivre sous un règne de terreur, sous le crochet d'un État qui nous montre bien ce qu'il veut. Alors, même si ce fut pour moi la plus grande décision de toute ma vie, j'étais persuadé qu'elle pouvait m'emmener aux portes de la délivrance.'
Minsu Asahina, né un jeudi de février pluvieux, fils de Min-si Asahina et Yori Asahina fut le dernier enfant du couple. Un enfant désiré qui pourtant représentait une menace de par sa curiosité. Il était l'ennemi de sa patrie.
Le plus jeune garçon des Asahina, dès son jeune âge, était différent.. Bien que, sa famille l'était elle aussi.
MIN-SI. A
YURI. A
YORI. A
Yori Asahina était le fruit d'une liaison secrète entre un homme d'affaire japonais et une coréenne qui aurait fait n'importe quoi pour sa patrie. Jun-kyu Asahina, bien qu'elle avait épousé cet étranger et portait ainsi son nom, ne pouvait résolument pas accepter que ce dernier entache sa vie, ses convictions. Bien qu'elle l'aimait, elle aimait la patrie encore plus. Ce mariage, cet enfant, tout cela n'avait été qu'une aberration, qu'une erreur. C'est pourquoi elle décida d'élever Yori seule, lui faisant apprendre comment être un bon et parfait citoyen. Le genre tout à fait discipliné qui donnerait absolument tout pour son pays. Ce pays, cadeau du ciel, comme elle avait prit coutume de l'appeler, complètement aliénée, complètement folle.
Comme convenu, de part sa stricte éducation, Yori Asahina fut le plus exemplaire des citoyens. Un bon coréen qui n'avait jamais fauté, n'avait jamais fait un pas de travers ni même montré quelconque contestations envers ce qui était dicté. Ce fut à l'âge de ses trente ans, suite au décès de sa délirante de mère qu'il épousa Park Min-si. Une femme qu'il aimait sincèrement car elle était aussi honnête et noble d'intentions que lui. Une épouse dévouée qui lui donna deux enfants : Yuri et deux ans plus tard, ce fut le tour de Minsu.
Minsu Mischa Asahina était l'enfant de l'amour et aussi celui du devoir. Ses parents avaient si ardemment voulu faire de lui un homme féal et dévoué. Mais ô quelle déception lorsqu'ils comprirent que leur môme ne serait jamais à ce point discipliné. Il était un perturbateur, un contestataire. Toujours un peu plus curieux. Mais dans un pays tel que le sien, ni la curiosité ni la contestation n'avaient leur place. Pourtant il était ainsi fait : un flâneur dont l'esprit léger divaguait insatiablement à la recherche du savoir. A la différence de son frère Yuri qui, conditionné depuis l'enfance avait fini par accepter sa vie telle qu'elle était, Minsu ne pouvait s'y résoudre. Incapable d'être prisonnier. Las de ce monde qui ne tournait pas rond, las d'être muselé.
En dépit de sa différence qu'il exacerbait presque trop, jamais sa famille ne lui avait tourné le dos. Jamais. Si il y avait bien quelque chose que les Asahina contrôlait totalement, c'était leur amour envers leur deux enfants. Mischa avait beau être ce qu'ils craignaient le plus, ils l'aimaient inconditionnellement. Si fort, si profondément qu'ils acceptèrent de le laisser partir.
Le deuil d'une mère, les larmes d'un frère, le regret incurable d'un père.