ARLENE
MITCH
Arlene Stepwood et Mitch Kavinski s'étaient rencontrés vingt ans plus tôt dans une petite chapelle de campagne qui, à l'occasion de la naissance de celui qu'ils appelaient Dieu, avait organisé de joyeuses agapes. Un événement qui rapprocha ces deux fidèles, ces deux fanatiques d'un Saint mort en martyr pour montrer le chemin disaient-ils.
Ils partageaient la même vision de la vie, les mêmes aspirations, rêvaient d'une descendance qui suivrait assurément la même voie : celle de la prière, celle de l'adoration.
Sûrs de leur union guidée par la main du Seigneur, les deux fidèles se fiancèrent au bout de quatre mois, et Arlene quant à elle, donna naissance à son premier enfant six mois plus tard. C'était un petit garçon portant le nom de Shiloh.
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'PACIFIQUE. HAVRE DE PAIX'
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Oui, ils comptaient bien faire de ce môme un exemple, leur fierté. Même avant la naissance de leur fils, les Kavinski avaient tout planifié : de la manière dont il étudierait pendant les dix prochaines années de sa vie, jusqu'à son style vestimentaire et encore le type de personne qu'il aurait le droit de fréquenter. Rien ne devait être laissé au hasard n'est-ce pas? Ainsi, comme eux auparavant, Shiloh recevrait une éducation strictement religieuse jusqu'à sa majorité, irait se rendre à l'église trois fois par semaine et lirait la Bible chaque soir avant de se coucher.
Jusqu'à l'adolescence, un enfant n'a pas totalement de libre arbitre, il a des contraintes que ses contestations ne suffisent à changer, des règles et autres dogmes à suivre.. Mais lorsque cela va trop loin, il arrive que l'enfant éprouve le besoin de s'émanciper davantage, de renier ce qu'on lui a inculquer durant toute son enfance. C'était précisément ce qui était arrivé à Shiloh qui, lassé par l'omniscience présence de la piété et les dogmes qu'on lui imposait, avait répudier toute trace de sainteté.
-son, you shouldn't neglect god.
{...]
-you have to pray Shiloh.
Nouvelles libertés, nouveaux émois. Le fils des Kavinski ne voulait plus de cette existence régie par les absurdités; s'en avait été de trop, s'en était fini. Seulement, plus il répondait par le conflit, plus ses choix tendaient à être amputés. Il n'était plus un enfant et pourtant, Arlene comme Mitch le gardait sous leur coupe, comme leur chose, non pas comme leur enfant. A cela ils répondaient incessamment qu'il avait changé, était devenu mauvais, mal éduqué, que le diable l'avait corrompu. Si ils avaient su.. Oui, si seulement ils s'étaient douté que ce n'est pas le diable en personne qui l'avait poussé à choisir le Mal mais bien eux. Eux qui, dans leur déraison l'avaient rendu fou d'aversion et de dégoût, lui avaient fait choisir les ténèbres à la place de la lumière.
Ainsi, lorsque Shiloh devint maître des fléaux, ce malin craint de tous, c'est sans même remettre en cause leur faute dans cette histoire que les époux Kavinski autorisèrent à l'église de sacrifier leur fils. Il n'était après tout plus humain, mais surtout, ils avaient trop honte d'avoir pour enfant, l'antipode de leur cher Dieu.
